Le 14 novembre 2023, j’ai été victime de soumission chimique.

La soumission chimique est une forme insidieuse de violence qui consiste à administrer à une personne, à son insu, des substances psychoactives dans le but de la rendre vulnérable, souvent en vue d'agressions sexuelles. C’est une attaque invisible, brutale, dont les conséquences sont profondes, tant sur le plan physique que psychologique.

Mon expérience traumatisante m’a poussée à m’engager pleinement dans la lutte contre ce fléau. Sept mois après mon agression, en avril 2024, le Premier ministre de l’époque, Gabriel Attal, m’a confié une mission gouvernementale. Aux côtés de la sénatrice Véronique Guillotin, j’ai été chargée d’analyser l'ampleur du phénomène de la soumission chimique et à proposer des mesures pour y faire face.

Cette mission a pour objectifs principaux d’aider à identifier et détecter les cas de soumission chimique, d’améliorer la protection des victimes et de renforcer les moyens de lutte contre ce phénomène encore trop mal connu. Il s’agit aussi d’alerter les professionnels de santé, les forces de l’ordre, mais également les citoyens sur cette réalité

La soumission chimique, c’est le crime parfait. Les produits disparaissent très vite de l’organisme, les victimes ne se souviennent de rien, et les preuves sont souvent introuvables. C’est un contre-la-montre pour obtenir des éléments exploitables.
Pour répondre à cette urgence, j’ai proposé la mise en place d’un “kit du lendemain”, disponible en pharmacie sur prescription médicale. Ce kit contiendrait des flacons pour recueillir des échantillons biologiques, ainsi qu’une notice expliquant, étape par étape, la marche à suivre pour préserver les preuves, protéger la victime et accéder à une prise en charge adaptée. Ce dispositif permettrait ainsi de réduire le sentiment d’abandon que peuvent ressentir de nombreuses victimes dans les heures qui suivent une agression.

Depuis mon agression, je me suis rapprochée de l’association « #MendorsPas : Stop à la soumission chimique », fondée par Caroline Darian, la fille de Gisèle Pélicot, victime de soumission chimique. Son procès qui a eu lieu en décembre 2024, très largement médiatisé, a permis de mettre en lumière cette réalité encore taboue. Cette collaboration avec Caroline et son collectif vise à sensibiliser la population, soutenir les victimes et promouvoir des actions concrètes, sur le terrain comme au niveau national.

Dans le cadre de ma mission, j’ai effectué plusieurs déplacements. À Nancy, par exemple, où je me suis rendue avec la sénatrice Véronique Guillon pour échanger avec des victimes, des professionnels de santé et des associations. Ces rencontres marquantes m’ont permis de toucher du doigt la réalité de ces violences, et de mieux comprendre les attentes et les besoins des personnes concernées.

Le 14 novembre 2023, j’ai été victime de soumission chimique et j’ai eu la possibilité d’être prise en charge rapidement, avec le plus grand professionnalisme. Malheureusement, toutes les victimes n’ont pas cette chance. Trop souvent, elles restent seules, désorientées, sans preuve ni accompagnement. Cette inégalité dans la prise en charge est inacceptable.

En mai 2025, je remettrai mon rapport au Premier ministre. Ce document viendra clôturer cette mission gouvernementale, mais il ne signera pas la fin de mon engagement.
Ce que j’ai vécu, le 14 novembre 2023, comme tant d’autres avant et après moi, ne peut plus rester ignoré.

Il est temps de se lever, de briser le silence et de faire bouger les lignes, pour nous toutes et tous.

Retrouvez mon témoignage à Complément d'enquête >>> ici <<<